Après des émissions pléthoriques en 2020 (18 carnets en 12 mois … autant qu’en France !), la poste vietnamienne est revenue à une politique d’émission beaucoup plus sage avec son deuxième carnet de l’année 2021 ce 9 octobre.
Le sujet est cette fois le 50ème anniversaire du concours international de composition épistolaire pour les jeunes organisé par l’UPU (Union Postale Universelle). Le concours est ouvert aux jeunes de moins de 16 ans ; on compte généralement près de 1,2 millions de participants pour les 192 pays membres, chaque nation sélectionnant son champion qui participe à la phase finale.
Le thème était cette année « Écris une lettre à un membre de ta famille au sujet de ton expérience de la COVID-19».
La couverture du carnet ouvert
Au format fermé 135x90 mm, la couverture est très sobre ; y figure le logo de l’UPU entre deux branches de laurier. Il faut dire que les jeunes vietnamiens excellent dans l’exercice : depuis 30 ans que le pays participe au concours, ses représentants ont obtenu 2 premiers prix, 2 seconds prix, 6 troisièmes prix et 5 prix de consolation !
Le carnet contient une bande de 10 timbres (5x2) à 4.000 VND chacun, pliée en deux et collée à la couverture par sa marge gauche :
Ce carnet porte le numéro 71 dans le cours l’ACCP 2022/2023 qui vient de paraître. Un outil indispensable à tout carnétiste.
Et le blog de l’ACCP vous offre un bonus : le texte de Dao Anh Thu (14 ans), la jeune vietnamienne qui a remporté le 3ème prix qui fait d’elle une héroïne nationale :
Ma chère petite sœur, mon ange,
Tu dors d’un sommeil insouciant, tes lèvres tètent comme si tu étais en train de sucer un bonbon. Et moi, je te regarde, le petit ange né en pleine épidémie de covid, et mon coeur est rempli de joie. Je voudrais tant te parler de ces jours que nous passons ensemble dans ce camp de quarantaine mais tu es trop petite pour pouvoir comprendre. Et c’est ainsi que je me mets à t’écrire.
Petite sœur !
Ce matin-là, quand les actualités annoncent plus de cent millions de personnes atteints du covid et plus de 2 millions morts de ce virus dans le monde entier, que notre pays connait une nouvelle vague de la pandémie, maman a commencé à avoir des contractions, signe de ta naissance imminente. Je me rappelle toutes ces émotions ! La chambre de quarantaine est devenue une chambre d’urgence. Les infirmiers et les médecins se hâtaient et firent de leur mieux pour aider à la délivrance. Et moi, j’étais dans la salle à côté, mon cœur se tournait vers là où maman était, j’attendais ton arrivée dans ce monde. Je bougeais sans arrêt. Je comprenais à ce moment précis que quiconque n’a pas attendu dans l’anxiété ne comprendrait jamais cette lourde et interminable attente…
Petite sœur !
Tes premiers pleurs ont illuminé l’espace. Un médecin, vêtu de l’uniforme bleu de protection et masque sur son visage, te tenait dans ses bras et ses yeux rayonnaient de joie. Tu pleurais et je me sentais allégée comme si un poids énorme venait d’être ôté, je tremblais de bonheur, j’entendais le rire de grand-maman mêlé de larmes, le silence soudain de papa au milieu de l’appel vidéo. L’émotion éclatait…
Née dans l’attente et entourée de soins, d’attention de toute la famille, toi et tes premiers pleurs ont surtout donné aux médecins et infirmiers de l’espoir, de la confiance dans la victoire qui sera remportée un jour sur l’épidémie. Dehors, le monde entier est chamboulé par le virus mortel covid 19, ici la paix règne pour toi. Dors bien petite sœur car tu es protégée par de braves gens. C’est le médecin qui veille jour et nuit sur les malades, la visière de protection embuée, la blouse collée au dos par la sueur même en ces jours d’hiver. Ce sont des volontaires aux séjours dans les hôpitaux, qui acceptent de ne pas rentrer voir les leurs même pendant les fêtes du Têt (Nouvel An vietnamien – note du traducteur), c’est l’infirmière qui confie ses enfants en bas âge aux grands- parents pour pouvoir te prendre dans ses bras quand tu n’es pas bien. Et de te chanter une berceuse : “ Ô la petite cigogne, tu voles par ci par là, du petit jardin tu vas vers la rizière…”.
Petite sœur,
J’ai eu bien de la chance de vivre ces jours de quarantaine. Près d’un mois ici m’a fait comprendre que l’enseigne “Zone de quarantaine spéciale” ne cache pas des choses horribles comme l’on a tendance à le croire mais ce camp de quarantaine s’avère un monde de soins chaleureux, d’attention, d’amour et de solidarité, le monde des héros qui, en silence, sacrifient leur bien être sans rien demander en retour. Le bonheur maintenant pour moi n’est pas seulement de bien manger, de m’habiller joliment, de jouer tout le temps mais aussi de vivre dans l’amour entre les êtres humains. Maintenant, je comprends bien pour quoi notre petit pays fait l’admiration du monde entier dans la lutte contre le covid 19. C’est très simple, nous tous suivons à la lettre les cinq recommandations : “Porter les masques – Désinfecter les objets et les mains – Ne pas se rassembler – Garder ses distances – Faire les déclarations médicales”. Tout le monde pourrait faire comme dans la célèbre chanson “La danse de lavage des mains”. Tous agissent selon un seul slogan “combattre l’épidémie car c’est notre ennemie”. Et dans cette lutte, les personnels médicaux en sont les héros.
A te voir dormir sans souci dans les bras de maman, mon cœur se sent apaisé comme s’il venait de traverser une tempête pour atteindre la sérénité de l’escale. Nous allons rentrer chez nous dans la joie du cœur et du printemps, tandis que les gens d’ici continueront leur combat silencieux jusqu’à la victoire finale. De jour en jour, tu grandiras. Nous serons comme des braves arbres qui tiennent tête contre tout, typhon et orage. Tout commence à partir d’aujourd’hui, ma petite sœur bien aimée.
Avec tout mon amour,
Ta sœur .
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